Martin DESBRIERES
Retrouvez le portrait de notre Energy Manager et ses conseils pratiques pour réduire vos consommations énergétiques.
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Il est intéressant d’étudier l’impact de cette période inédite de confinement sur la consommation énergétique des bâtiments, qui ont connu des taux d’occupation exceptionnellement bas pendant quelques semaines. Dans un contexte sanitaire toujours aussi tendu et avec l’intensification du télétravail, tirer les leçons de cette période de confinement nous semble une première étape incontournable.
Le sens pratique et le pragmatisme énergétique rendent intuitifs le ralentissement du fonctionnement des installations techniques en période de sous-occupation. Pourtant, tout ne peut pas être coupé et des talons de consommations subsistent, y compris quand les bâtiments sont quasiment inoccupés. Mettre en place des actions pour tenir compte de la baisse d’occupation des locaux a néanmoins été une des clés permettant de faire des économies d’énergie significatives durant la période de confinement, parcourons-les ensemble.
Ce contexte particulier permet au mainteneur de dégager du temps pour réaliser davantage d’actions d’amélioration de l’efficacité énergétique puisque ce dernier est bien moins sollicité pour gérer des problématiques de maintenance quotidienne liées à l’occupation. Main dans la main, l’Energy Manager, le mainteneur et l’exploitant de bâtiment étudient la mise en place des actions ci-dessous ; l’impact est quantifié et des tests sont mis en œuvre dans les bâtiments.
L’absence des occupants entraîne une réduction conséquente des besoins énergétiques dans les bâtiments. Il convient dès lors d’analyser attentivement, à l’aide d’un expert de l’efficacité énergétique, les différents usages énergétiques puis d’arrêter complètement les équipements énergivores et non essentiels à l’usage des bâtiments : arrêt des CTA, arrêt des productions d’eau glacée ou d’ECS, arrêt des ventilos convecteurs, arrêt des outils de bureautique, veille TV, machines à café/snacks, etc.
Lorsque les équipements ne peuvent pas être arrêtés, il faut analyser les périodes d’occupation pour modifier les programmes horaires en conséquence (éclairage, parking, pompes, etc.) et les restreindre au strict minimum de manière à réduire les dépenses énergétiques.
Toujours accompagné d’un Energy Manager, il convient également d’analyser le plan de comptage et les données d’équipements pour comprendre ce qui consomme et quand. Une telle analyse est d’autant plus pertinente lorsqu’un bâtiment dispose de compteurs télérelevés permettant de faire l’analyse par sous-comptage des usages ou des équipements. Une plateforme de pilotage énergétique constitue une aide considérable dans cette identification des talons de consommation.
En faisant la somme des sous-comptages pour retrouver le compteur parent, on peut identifier le volume que représente la part liée aux autres usages énergétiques et ainsi décider si oui ou non les équipements derrière cette consommation ont besoin de fonctionner. L’objectif est d’affiner l’exercice précédent lié aux programmes horaires et donc réduire le talon de consommation à son minimum.
L’analyse des commandes par le plan de comptage permet également d’identifier les GTB défectueuses et d’inscrire ces actions au plan de maintenance de manière à réaliser des actions correctives.
L’ensemble de ces actions peut permettre d’atteindre des économies d’énergie très importantes pour les exploitants immobiliers. Sur l’exemple ci-dessous, on remarque une baisse de 84% en avril 2020 par rapport à avril 2019 sur les ventilo-convecteurs. Tout comme les CTA sur lesquelles on obtient 96% d’économies.
Pour mettre en œuvre ces recommandations et prendre en compte ces nouvelles contraintes techniques, il est nécessaire d’avoir une équipe coordonnée. Le maître d’ouvrage, le mainteneur et l’Energy Manager évoluent de concert pour appliquer la bonne pratique.
Le maître d’ouvrage (ou l’occupant) définit les modalités d’occupation, valide les modes de fonctionnements préposés ainsi que la mise en œuvre des actions.
Le mainteneur liste les équipements techniques en fonctionnement et ceux à l’arrêt puis met en œuvre les actions d’amélioration de l’efficacité énergétique.
Enfin, l’Energy Manager conseille sur la sobriété énergétique, identifie les dysfonctionnements et valide le bon fonctionnement technique. Enfin, il calcule les impacts énergétiques du fonctionnement post confinement.
Ces trois acteurs s’appuient sur une plateforme de gestion énergétique pour centraliser les données de consommation et le plan d’action d’amélioration de l’efficacité énergétique. L’outil devient l’élément central de la relation tripartite et des réunions « énergie » sont organisées régulièrement.
Selon les recommandations sanitaires en vigueur, différents scénarios s’offrent à nous. Dans cet article, nous en étudierons trois. Chacun de ces scénarios ayant un impact à la fois énergétique, un impact sur le confort des occupants et, bien évidemment, un impact sanitaire.
Le scenario A est l’application stricto sensu des recommandations sanitaires. Il va engendrer un inconfort thermique important pour les occupants car la climatisation et le chauffage se trouvent fortement limités (coupure de l’ordre de 80% des puissances installées). Les bâtiments ne seront pas exploitables à pleine charge.
Le scenario B semble celui retenu par la plupart des acteurs du marché. Il va occasionner des consommations énergétiques très élevées. Pour autant, il ne respecte pas la consigne de non-brassage d’air pour limiter la propagation du virus (ou autre agent pathogène) dans les zones communes (open space, RIE, accueil, salle de réunion,…).
Le scenario C propose, avec la contrainte sanitaire, d’assurer quelques heures de confort thermique aux occupants, au détriment du confort « visuel » (moins de lumière).
Le scénario conciliant le plus sobriété énergétique et recommandations sanitaires tout en préservant un minimum le confort apparaît être le scénario C. Bien que cela puisse être considéré comme un scénario « du moindre mal », nous incitons nos clients et les acteurs du bâtiment à mettre toutes les options sur le tapis pour prendre les meilleures décisions possibles en cette période exceptionnelle.
Les bâtiments n’étant occupés que partiellement, la rationalisation des espaces de travail apparaît également comme un levier favorisant la sobriété énergétique. En effet, en limitant les zones occupées lorsque le bâtiment est en faible charge, on limite de facto le nombre d’équipements en fonctionnement (techniques & confort). Il est tout de même important de préciser que la rationalisation des espaces de travail ne doit, en aucun cas, se faire au détriment du respect de la distanciation sociale.
Pour respecter les recommandations sanitaires tout en continuant de prendre en compte l’efficacité énergétique, les exploitants de bâtiments, en lien avec les conseils des energy managers peuvent mener différentes actions portant sur les usages énergétiques significatifs de chacun des sites :
Toutes ces actions peuvent porter à la fois sur les parties privatives et sur les parties communes.
Nous avons vu qu’avec une bonne coordination ainsi qu’une bonne méthodologie, il est possible de concilier sobriété énergétique et recommandations sanitaires dans les bâtiments. Pour autant, la tâche est ardue et les bâtiments de bureaux ne sont pas bien adaptés à la crise sanitaire que nous traversons, tant sur le plan du pilotage énergétique que sanitaire.
Les équipements présentent des problématiques de dispersion d’agent pathogène dans l’environnement et ce risque est accru au sein des open spaces. Par ailleurs, une gestion extrêmement fine des espaces et des équipements serait nécessaire pour parvenir à mieux concilier les enjeux sanitaires et les enjeux environnementaux.
Quoi qu’il en soit, 2020 restera une année complexe pour évaluer l’atteinte des objectifs de performance énergétique. L’impact énergétique de la période de confinement est important – et à évaluer ! – et peut être plus ou moins compensé en fonction des scénarios retenus sur le fonctionnement des équipements depuis la reprise d’activité. Mesurer précisément la part d’économies d’énergie imputable aux actions d’efficacité énergétique effectuées est un défi conséquent pour cette année.
Enfin, dans le cadre du décret tertiaire, nous invitons majoritairement les décideurs à éviter l’année 2020 comme choix d’année de référence !
Conscients de l’enjeu et pour répondre à des questions récurrentes de nos clients sur la gestion énergétique en cette période exceptionnelle, nous avons animé un webinar le 26 mai dernier qui traitait de cette thématique de la conciliation entre sobriété énergétique et recommandations sanitaires.
Nous vous invitons à le revivre ci-dessous
Retrouvez le portrait de notre Energy Manager et ses conseils pratiques pour réduire vos consommations énergétiques.
Décret tertiaire, Energy management
L’optimisation de la performance énergétique des bâtiments est une des problématiques d’exploitation rencontrée par les gestionnaires de bâtiments. Chaque jour, une quantité de données conséquente est générée par l’exploitation même du bâtiment : consommations d’eau….
Avec la parution de l’arrêté le 3 mai 2020. Place au décryptage du Décret Tertiaire